En quoi consistent les fameux laboratoires de mathématiques expérimentés actuellement en lycée ? Découvrons déjà quelques idées reçues à leur propos...
Ce sont des lieux pour manipuler avec les élèves.
La dénomination est effectivement un peu trompeuse. Ce sont des « lieux » de développement professionnel à destination des enseignants. Pas de manipulation et d’expérimentation pratique comme on peut en imaginer quand on se représente un laboratoire de biologie avec ses paillasses et ses tubes à essais. Ici le terme « laboratoire » se rapprocherait plutôt de celui d’équipe de recherche. Comme dans LIG (Laboratoire d’informatique de Grenoble) ou LAGA (Laboratoire analyse, géométrie et application).
L’idée est que les enseignants approfondissent collectivement des sujets qui touchent à leur activité professionnelle. Les domaines d’intérêt possible sont multiples et les sujets abordés peuvent êtres transversaux à plusieurs disciplines. Mathématiques, didactique, sciences de l’éducation, sciences cognitives, neurosciences, EIAH (environnements informatique d’apprentissage humain)… Mais cela concerne également toute discipline en lien avec les mathématiques et qui pourrait en enrichir l’enseignement.
C’est fait pour remplacer la formation continue.
Absolument pas ! Ce point est clairement développé dans l’article d’Éric Barbazo.
C'est réservé aux profs de lycées.
Et non. Les expérimentations ont commencé dans les lycées mais cela ne veut pas dire que ce dispositif leur est réservé. Une équipe de collège peut tout à fait avoir envie de mettre en place une structure de labo de maths au sein de son établissement. Par ailleurs, certains dispositifs regroupent plusieurs établissements d’un même bassin (lycée, collèges, écoles), comme c’est le cas, par exemple, à Gennevilliers.
Il est nécessaire d’avoir un lieu fixe et du matériel.
Certes, c’est plus pratique. Mais rien n’exclut de commencer par la mise en place d’un labo virtuel avec des collègues sympas et motivés. Dans les établissements où trouver un endroit pour recevoir un parent relève du jeu de piste, les profs de maths risquent d’attendre longtemps avant de se voir attribuer une salle pour des activités ne concernant qu’une petite partie du personnel. Mais si l’envie et la créativité sont là, il serait dommage de rater une occasion de s’enrichir mutuellement. Il faudra alors ruser en repérant les collègues qui disposent déjà historiquement d’un lieu dédié et de matériel intéressant (documentaliste, technologie, physique, biologie, sport ou toute spécialité richement dotée). Ne serait-ce pas l’occasion de démarrer des projets communs ?
Pour tout ce qui concerne le matériel, une autre idée consiste à contacter les collègues des lycées d’enseignement professionnel et technologiques, également concernés par les laboratoires de maths. Il serait bien étonnant de ne pas y trouver au moins une imprimante 3D et plein d’autres machines au moins aussi pertinentes à connaître, sans parler des échanges fructueux qu’on ne manquera pas d’avoir avec les enseignants qui les utilisent.
Il est obligatoire de trouver un chercheur qui accepte de se déplacer dans l’établissement.
Il s’agit là d’une interprétation un tantinet rigide du projet. D’abord, ça dépend complètement du sujet sur lequel l’équipe souhaite s’investir et de la méthode qu’elle décide d’adopter. Pour commencer à s’informer sur un sujet, certains enseignants ont décidé, par exemple, d’assister ensemble à des conférences. S’ils décident de l’approfondir, il est toujours possible de prendre contact avec un spécialiste sans pour autant l’obliger à se déplacer.
Si l’objectif est de participer à des projets de recherche avec des classes, les enseignants en poste possèdent une supériorité indéniable : ils disposent du matériel expérimental. Trouver un chercheur en quête d’élèves qui accepterait d’intégrer des enseignants à son projet de recherche ne devrait pas poser de problème. Les organismes à contacter sont : les universités (didactique, sciences de l’éducation), les IREM, la CFEM (Commission française pour l’enseignement des mathématiques), les ESPE.